Francis Bacon, dont l’œuvre, marquée par un sentiment de culpabilité, exprime, en particulier, un rapport entre :
géométrie et tension,
animalité et humanité,
Cruauté/souffrance et violence.

Parti pris : jusqu’à quelle distorsion l’individu reste-t-il lui-même ?

Ici on observe Référent- modèle/ écart au modèle et variations de l’écart au modèle. Les variations du modèle sont une caractéristique récurrente chez Bacon.
Pour analyser une œuvre d’art, il faut en saisir les tensions dynamiques et les tensions conceptuelles
Tension dynamique : l’opposition – ou son résultat-, marquée plastiquement par les lignes, les formes, les couleurs, les lumières, etc. (intérieur/extérieur, vide/plein, lourd/léger, haut/bas, équilibre/déséquilibre, compression/décompression)
Tension conceptuelle: les combinaisons visant à donner un sens à l’œuvre (invention/modèle et variation du modèle ; référent/écart au référent, matière/forme, la chose/l’objet ; nature/humanité, souffrance/douceur-cri
Tension hybride : combinaison insécable des tensions dynamique et conceptuelle (chez Bacon harmonie/difforme ; géométrie/informe, scènes crues/esthétique)

Le tryptique confère un caractère sacré donc : Sacralisation/ désacralisation du corps et une vision tragique de l’homme

Tensions dynamiques (rose/vert ; les couleurs de ses toiles s’intensifient, enrichies de grands aplats de rose-chair ) ; lignes géométriques/cercles
Tensions conceptuelles : animalité/grâce humaine ou animalité/humanité ; force-muscles/ fragilité ; le mythe / le quotidien

Ici les couleurs de ses toiles s’intensifient, enrichies de touches inédites de jaune-orangé.
Tensions dynamiques ; (ocre/vert) ; lignes géométriques/cercles
Tensions conceptuelles : (animalité-nature/ enfermement dans cage) ; Insecte et être humain

![Francis Bacon Study of Red Pope, 1962, Second Version [Étude de pape rouge, 1962, seconde version], 1971 Huile sur toile 198 × 147,5 cm](https://i0.wp.com/alexianeriou.fr/wp-content/uploads/2019/11/sothebys-com.brightspotcdn.jpg?resize=1024%2C576)
Souffrance /cri ; réalité de chair et de sang
Lignes géométriques (cadre)/ courbes vêtements sacerdotaux)
Tension hybride : géométrie-couleur : souffrance et chair meurtrie

Le cri n’est pas synonyme d’horreur, même si c‘est souvent le cas.

Le massacre des Innocents, Nicolas Poussin, 1628 musée Condé à Chantilly (cri d’effroi)
Voir aussi le cri de Munch, précurseur de l’art expressionniste : cri d’angoisse (existentiel, ontologique, allégorique).

La vision de l’artiste Francis Bacon
Une vision temporelle (c’est à dire de son époque, de son temps)
Son but est de « pratiquer une peinture sans distance aucune », une peinture de l’immédiateté qui puisse agir directement sur le spectateur et évoquer le monde contemporain. Il y a un « désir de toucher le fond même du réel ». Cette réalité est offerte au présent, bien plus, dans un « présent absolu », celui du XXème siècle donc..
A cet égard, les décors sont des « contenants », au sens où ils ont un rôle d’actualisation accordé aux objets industriels de la vie quotidienne : fauteuil tournant, divan, bidet, rasoir, ampoule électrique, parapluie…),
Une vision esthétique
L’artiste peut avoir une vision prospective. Il lui arrive de découvrir, à partir de l’art réalisé, des principes d’engendrement et d’invention, qui permettent de concevoir et de construire des structures, des formes, non encore utilisées dans l’art, ouvrant des voies nouvelles à la création.
Bacon fait se confronter l’irrationnel et le rationnel en acceptant des « accidents » dans sa peinture et en jouant avec eux, les premiers (« accidents purs ») étant liés au caractère incertain du maniement du pinceau ou de la brosse et les seconds (« accidents suscités ») provoqués par projection de peinture ou par frottage avec un chiffonafin d’aller au-delà d’une figure trop calquée
Une vision ontologique, morale et/ou sociale
Il est marqué par un sentiment de culpabilité et une souffrance ontologique, caractérisé par un profond besoin d’extérioriser des sentiments forts, complexes et contemporains.
