Les arts plastiques, pourquoi ? Comment en parler ?

8 September 2019

Les arts plastiques, pourquoi ? Comment en parler ?

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Il est vrai que s’exprimer sur les arts plastiques prend souvent des allures de croisade, les opinions dubitatives, indignées faisant face à des enthousiasmes parfois survoltés ou toutes sortes de réactions déconcertantes. 

Ces oppositions sont moins dramatiques qu’elles n’y paraissent, dès lors que les arts plastiques pénètrent rapidement dans notre quotidien, faisant place à l’expression de préférences,  de goûts plus marqués pour tel ou tel courant ou mouvance, conduisant chacun à entrer de plain-pied dans l’art contemporain.

Alors, on peut en parler sans attraper ni rhume de cerveau ni névralgies faciales.

Le fantôme bienfaisant de Marcel Duchamp. 

Nous avons seulement l’embarras du choix pour aller à la rencontre de ce fantôme.

 «  En quoi est-ce de l’art ?  » « Parce que c’est de l’art » répond simplement l’américain Lawrence Weiner, qui  avait proposé, comme performance, de retirer, à l’aide d’un marteau et d’un burin un carré de plâtre du mur de la salle du musée, lors de l’exposition intitulée « Live in your head », qui eut lieu en mars 1969 à la Kunsthalle de Berne et dont le sous-titre était « When attitudes become form » ( Quand les attitudes deviennent forme).

« C’est au spectateur de décider, parce qu’il doit se poser les questions sur des fils qui ne servent à rien et qui sont dans un musée. Ça transforme le problème » ajoute Alain Jacquet qui a installé, pour cette même exposition,  des fils électriques qui pendent dans un coin.

La mise en avant de l’activité de l’artiste (le processus créatif) et son contexte (l’expérience situationnelle) s’opposait à ce qu’on appelait jusqu’alors l’œuvre, c’est-à-dire l’objet exposé.

Marcel Duchamp a fait œuvre autant par ses théories (désacralisation de l’œuvre d’art, le ready-made, l’importance de la signature de l’artiste, le happening…) que par ses productions, réintroduisant le discours dans le processus créatif. Il nous a ainsi facilité, pour commencer, l’entrée dans l’univers créatif des Warhol, Rauchenberg et autres Jaspers Johns. 

Et depuis, les choses n’ont fait que s’accélérer.

Mais pour autant tout n’est pas œuvre d’art. Si je trempe une madeleine dans mon café au lait mieux vaut la savourer que d’en faire une œuvre d’art plastique, même comme performance.

Pour un langage artistique accessible

Parfois l’artiste cherche à créer une œuvre immédiatement compréhensible, privilégiant l’expérience sensible.

Il en va ainsi, pour prendre un exemple,  de Keith Haring, plasticien engagé dans la mouvance Pop art.

Crack is wack – 1986 ( Crack cocaïne de mauvaise qualité et wack terme d’argot signifiant « pas bon »)

Keith Haring, Crack is wack, 1986.
Keith Haring, Crack is wack, 1986.

Les symboles de la mort occupent une place importante, alors que l’argent (un billet en dollar) brûle, que la drogue est consommée en raison de démons personnels et d’une dépendance, et que la croix représente une institution dogmatique.

Mais Haring est aussi un artiste joyeux dans la fresque “We Are The Youth” – Philadelphie – 1987.

Keith Haring, We Are The Youth
Keith Haring, We Are The Youth

Il  en va ainsi d’artistes post Andy-Warhol, qui nous parlent de ce qui nous entoure, le rap, le street art, la télévision, toutes les formes de cultures, élevées ou basiques.

Dans la même mouvance, on voit des artistes de la « figuration libre » comme Robert Combas qui nous laisse regarder ses individus au style communicant et grimaçant, car il « laisse la peinture vivre »…ou François Boisrond, au geste vif et enlevé.

Ainsi la vitalité grave ou joyeuse  de ces artistes nous donne immédiatement le sentiment ou la compréhension d’une libération.

Voilà bien des exemples, d’arts créatifs, immédiatement perceptibles.

Alors, pas de quoi grimper aux rideaux ou laisser tomber vert de rage ses couverts au fond de son assiette. On peut commencer par trouver du plaisir à regarder ces œuvres.

Ce qui ne veut pas dire rester étranger aux problèmes parfois graves du monde réel.

Il en va ainsi, par exemple, avec Ingo Günther. – « Nuclear Comprehensive Test Ban Treaty Monitoring Network » (Réseau de surveillance du traité d’interdiction complète des essais … 

L’art contemporain s’empare de tous les sujets universalistes (souffrances, écologie, guerre…). 

Les arts plastiques c’est l’art de notre époque, il est varié et riche et pour l’apprécier il faut vouloir et  apprendre à l’aimer et non pas se passer le visage au noir.



2 thoughts on “Les arts plastiques, pourquoi ? Comment en parler ?”

  • Article facile à lire et intéressant pour le ‘grand public’ comme moi et surout un trait d’humour (et de crayon) qui font la paire!

  • Bravo Alexiane,
    Un complément pour toi: Jean-André pourra te parler du taux vibratoire des oeuvres et donc de leur influence sur la santé.
    Nous avons fait l’expérience sur un tableau de Combas: son taux vibratoire est désastreux!…

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