Amour Systémique – CAPC de Bordeaux

5 July 2023

Amour Systémique – CAPC de Bordeaux

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L’expression d’ « amour systémique », créée par une philosophe australienne, signifie « amour qui se répand dans une société ». Outre son aspect psychologique et moral, il présente une valeur sociale pouvant être portée par les artistes plasticiens.

Cette exposition parle de la grille et des lignes. Le grillage, dans l’histoire de l’art, est lié à l’art abstrait, notamment à l’art conceptuel, où l’on ne veut pas montrer la trace de l’artiste. On assiste à l’effacement du geste de l’artiste.

Mais, dans ce courant artistique, certains artistes essaient, aujourd’hui, de démontrer que le grillage et les lignes peuvent montrer la trace et le geste de l’artiste.

Dans cette exposition, à travers plusieurs artistes et en lien avec les idées exprimées par la philosophe australienne, le grillage représente les frontières morales et politiques à ne pas dépasser. Il en va ainsi de la guerre, justifiant de voir exposées des représentations de chars de guerre.

L’artiste Sung Tieu a cherché à montrer dans ses œuvres la notion de « frontière » dans la « guerre froide » que l’on observe actuellement entre les Etats-Unis d’Amérique et Cuba. Barack Obama a voulu apaiser les conflits les opposant. Mais, Donald Trump, arrivé au pouvoir, a remis en cause cette politique. Ne reprenant pas les critiques classiques dirigées contre Cuba, il l’a accusée d’utiliser des armes pernicieuses, déclarant ainsi que les cubains avaient réussi à insuffler en permanence un son douloureux dans la tête de certaines personnes, provoquant ce que l’on appelle le syndrome de la Havane. Certains médecins ont été mandatés pour travailler sur cette pathologie. En utilisant ce syndrome comme arme contre les Etats-Unis, les cubains auraient outrepassé le droit naturel et relancé le conflit entre les deux nations. L’artiste Sung Tieu a imaginé de recréer artificiellement ce son et a demandé à l’imagerie de Bordeaux d’enregistrer ses captations sonores depuis son cerveau. Elle a ensuite diffusé ces enregistrements dans les 12 galeries du CAPC de Bordeaux à intervalles réguliers, recréant cette atmosphère de tension pathologique et politique.

Dans son œuvre intitulé Untitled, cette artiste a également travaillé sur la place de l’objet et renouvelé, sur le thème de l’Amour systémique, l’approche du Ready-made. Elle a acheté des tabourets destinés aux prisons et présenté, tels quels, dans l’exposition du CAPC de Bordeaux. Ce qui a totalement changé l’idée et la perception du spectateur sur ce tabouret qui d’ailleurs parait très contemporain !

Sung Tieu, Untitled

L’artiste Jean-Pierre Raynaud, La maison, 1969-1993, a créé une maison tout en faïence de carreaux blancs du haut jusqu’en bas et l’intérieur comme l’extérieur. Il a travaillé sur la notion de mort et de déconstruction. Puis pendant plusieurs années, il a fait visiter sa maison. Depuis 1988 il ne le fait plus. Récemment, il a entièrement détruit la maison et mis les morceaux dans des bacs en inox, qu’il a ensuite exposés comme tels. Cela  redonne une valeur à la maison, car elle est désormais exposée dans les bacs en inox.

Gilbert et Georges, Bloody Carriers, 1996. Ce couple homosexuel se met en scène, se portant l’un l’autre ;  il y a une grosse tache rouge au milieu pour montrer que les homosexuels ne sont pas tous atteints par le Sida. Cette œuvre milite contre les préjugés sur les homosexuels.

Gilbert et Georges, Bloody Carriers, 1996.

L’œuvre de Buren s’intitule 120 peintures, 1967-1981 et a été peinte sur une durée de 15 ans et sur 15 toiles. Il a peint la ligne de droite et la ligne de gauche sur les 15 toiles puis la ligne de gauche et la ligne de droite sur 14 toiles puis la ligne de gauche et de droite sur les 13 toiles etc. Il veut montrer le temps qui passe et comment une couche de peinture peut recouvrir une autre couche pour une nouvelle année.

L’œuvre de Philippe Thomas, CAPC Musée d’art contemporain, 1990, est un code barre. Cette œuvre prend le nom de celui qui l’a acquis et fait ainsi disparaître celui de son précédent acheteur, et peut-être l’oublier.

Philippe Thomas, CAPC Musée d’art contemporain, 1990

Cette œuvre d’Agnès Scherer, Cœurs simples, 2020, montre une personne allongée sur son lit chargée d’écrans et couverte d’appareillages la reliant aux réseaux sociaux. Elle veut ainsi montrer la dépendance des gens au numérique et comment cela nous étouffe et nous rend seuls.

Agnès Scherer, Cœurs simples, 2020


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