
J’ai voulu unir le geste et la couleur pour donner une émotion sérieuse et douce.
Le geste avec beaucoup de traits. Selon Lessing, contrairement à la poésie qui déploie le temps, la peinture déploierait l’espace. Mais par mes zébrures, une précision et profusion du trait j’apporte de la temporalité.
Le trait occupe non seulement l’espace mais donne le sentiment d’un temps long, propice à l’immersion sensorielle. J’ai parfois pensé à Martin Barré, qui lui épure jusqu’aux limites de la peinture alors même qu’il faut du temps pour regarder son œuvre réduite à presque rien, il faut aussi du temps je crois pour regarder la mienne.
Mes traits sont immobiles, mais la production apparaît animée, au travers du regard du spectateur qui en observe les zébrures.
J’ai opté pour une couleur qui a une sonorité. On l’entend presque, doucement sonore, comme le timbre d’un saxophone.
De l’œuvre elle-même, Il pourrait s’agir d’une sorte de trace mais il n’en est rien. Certes j’évoque bien les frottages de Max Ernst témoignant d’un désir, d’une impulsion. Mais le frottage accorde une place à la réalité pratique, et ce que je ne veux pas, au hasard.
Je pratique le trait et la couleur afin de conserver, par mon seul geste, le mouvement interne de ma production, et par la teinte, l’atmosphère que je recherche. Pas de hasard, et du réel je garde ce qu’il faut pour atteindre l’expérience personnelle.
Je me suis également inspirée des couleurs, formes et techniques de Roy Lichtentein dans ma production artistique.